Jeune Lynx Boréal

Un joyau inestimable et fondamental au maintien d’un écosystème fragile et sensible.
Je souhaite partager avec vous ma plus belle rencontre avec le monde libre et sauvage. Une histoire vécue il y a quelques années, après plusieurs milliers d’heures à tenter de me fondre dans l’environnement, après plusieurs centaines de jours d’affûts à l’école de la nature, mon plus bel apprentissage de vie.

DANS LE PLUS GRAND RESPECT

Au rythme du vivant, je tente de m’effacer, de faire corps avec le végétal, au pied des arbres de me lover, qu’on entende de moi pas plus de bruit qu’une souris. Dans ses traces, le Lynx boréal ne m’emmène pas qu’à sa rencontre, mais dans les sillons d’une quête profonde où les pulsations du vivant font vibrer tout mon être, où l’envie de ressentir la nature, d’apercevoir l’invisible, de croiser furtivement un regard, m’enveloppe et m’absorbe peu à peu. Quelle émotion, quelle sensation intense lorsqu’on est assis au pied d’un arbre, à attendre un instant qui ne viendra peut-être jamais…

Dans mes planques interminables, en-quête de sens, de connaissances, je souhaite comprendre, apprendre, connaître, me glisser dans la peau de cet animal extrêmement difficile à observer, jauger les limites de son intimité pour ne jamais perturber sa quiétude. Entrevoir la magnificence de la biodiversité jusque dans les moindres particules de vie me fascine.

A L’ÂGE DE 10 ANS

Très jeune, je rêvais déjà de rencontrer cet animal. Je savais qu’il vivait là, non loin du monde des humains. Le voir dans les livres remplissait mon imaginaire puis vient la découverte de ma première empreinte qui fut une véritable révélation.

Au fil des saisons et malgré les conditions météo, toutes les raisons étaient bonnes pour moi, pour délaisser les bancs de l’école pour les troncs des arbres. Ressentir la pluie, la neige, le vent glacial sur mon visage, cette sensation de se sentir vivant provoquait au plus profond de moi une envie toujours plus grande d’effleurer avec respect et humilité l’essence même de ce qu’est la nature.

Puis un soir, l’instant rêvé s’est exaucé, une femelle adulte que je suis depuis plus de 5 années se dévoile, avec ses deux jeunes âgés de deux mois. Elle se tient là, à quelques mètres devant moi. Son regard si intense plonge dans le mien, je tombe littéralement amoureux, mais je ne déclenche pas, pour ne pas la perturber, je la laisse pleinement décider de l’instant. Une légère brise monte par moment, juste le temps pour elle de reconnaître cette odeur, la mienne qui depuis de nombreuses années indique « patte blanche ». Ce n’est ni une relation de confiance, ni une rencontre fortuite, mais elle me connaît, m’a identifié depuis tout ce temps, je ne suis juste ni bon, ni mauvais à ses yeux.

Après plusieurs secondes, la voici repartie tranquillement dans la forêt, elle feule, lance un cri de contact à ses jeunes, les laissant sortir juste devant moi. Une scène incroyable vécue dans les hautes herbes sous mon filet de camouflage. Ils passent alors leur temps à jouer, inlassablement durant plusieurs heures.

Le crépuscule tombe, les ombres se mélangent au reste, il est temps de me retirer, la nuit leur appartient.